Les coulisses de La conception de Léo avec la PMA

Écrire un livre pour expliquer comment on fait les bébés sans papa et qui soit compréhensible par un enfant de 4 ans, tel a été le défi de la première partie de mon premier album jeunesse.

Dans cet article, je vais vous révéler les différentes étapes de ce projet qui aura duré 8 mois en tout. Ce n’était pas 8 mois à temps plein étant donné que je suis aussi informaticienne à temps plein et maman d’un petit garçon de 3 ans et demi.

 

Décembre 2021 – mars et avril 2022 : manuscrit

En décembre 2021, j’écris la première version de mon manuscrit de « La conception de Léo avec la PMA ». Elle faisait 8 pages. Mais quand je l’ai soumis à mes relecteurs, la première question évidente était : « Sylvie, à qui t’adresses-tu ?« .

Effectivement, après relecture, j’avais compris le problème : j’utilisais des mots encore trop compliqués pour les enfants et après quelques recherches, j’ai pris conscience que l’explication de la conception ne doit pas avoir le même niveau de détails en fonction de l’âge de l’enfant. J’ai quand même préféré adapter le texte pour qu’il soit accessible aux enfants à partir de 4 ans pour éviter de trop simplifier l’histoire.

Entre la première version de décembre 2021 et la version finalisée de fin avril 2022, j’ai supprimé des paragraphes entiers car secondaires pour l’intrigue, j’ai analysé et expliqué chaque mot compliqué par des mots plus simples et sur les conseils judicieux de ma petite soeur Syline, j’ai transformé le récit narratif en dialogue à trois. Ainsi, le texte gagnait en fluidité et était plus vivant qu’avant !

Le manuscrit de 8 pages ne faisait plus que 4 pages au final. 

 

Storyboarding

Après m’être formée à la conception d’albums jeunesse sur Domestika, j’ai découpé les différentes étapes de l’histoire en plusieurs scènes à illustrer. Pour chaque scène, j’identifiais ce que je voulais faire illustrer, les éléments importants. Il fallait aussi identifier si la scène était en double page ou page seule ou en une illustration isolée (spot illustration en anglais).

C’est comme ça que le livre est passé d’un manuscrit de 4 pages en un livre jeunesse de 32 pages.

J’avais compris que les enfants lisent les livres à partir des images pendant que le parent lit le texte. Il était donc très important pour moi que les illustrations complètent le récit au lieu de simplement l’illustrer.

Comme je voulais que le livre soit avant tout informatif et qu’il soit un support de dialogue sur la conception et la diversité des familles, j’ai cherché des schémas, des diagrammes pour expliquer la grossesse et j’ai aussi trouvé des idées de représentation inclusive qui manquent tant dans la littérature jeunesse.

Grâce à l’illustration, l’enfant pourra comprendre comment un bébé grandit dans le ventre de sa maman. 

 

Recherche d’illustrateurs

En parallèle, j’ai cherché des illustrateurs. Cela a duré quelques semaines mais j’ai vraiment eu un coup de coeur pour les illustrations de Vy Tran.

Le travail avec Vy Tran s’est déroulé comme suit :

  1. Croquis version 1
  2. Croquis version 2
  3. Croquis version 3
  4. Line art
  5. Couleur

Importance de la représentation positive

C’est au cours de ce projet d’album jeunesse que j’ai vraiment pris conscience de l’importance de la représentation positive.

Initialement, pour la première scène, j’avais pensé à illustrer maman Lina en train de faire la cuisine mais finalement, j’ai décidé de l’illustrer en train de télé travailler ! Cela fait une grande différence pour l’image de la mère que l’on renvoie aux enfants. 

 

Importances des images de référence

Lors du projet d’illustration, il n’était pas du tout évident pour Vy Tran d’illustrer certaines scènes parce qu’elle n’était pas du tout familière avec l’insémination artificielle. C’est tout à fait normal et j’ai donc dû trouver les bonnes images de référence (il y en a peu) pour qu’elle puisse illustrer les scènes convenablement.

 

Évolution d’une scène du croquis à la version finale

Chaque scène a été révisée entre 2 à 6 fois entre le premier croquis et la dernière version colorée. L’une des raisons est probablement mon manque d’expérience parce que c’est mon premier album jeunesse.

Par exemple, la scène illustrant la visite chez le gynécologue belge a connu de nombreuses versions.

J’ai pensé à ajouter un grand poster illustrant la diversité des familles pour ouvrir la discussion autour de ce sujet. 

 

Un projet d’illustration de 3 mois à 4 mains

Pour moi, cet album terminé est le fruit d’un travail de recherche d’images de référence, de composition, de brainstorming, d’échanges entre l’auteur et l’illustrateur. Nous venons de deux mondes très différents : Vy a fait une école d’art, elle a ses références de livres jeunesse et je viens de l’informatique et la gestion de projets. Il fallait que nous accordions nos violons pour avancer main dans la main.

Mais le jeu en vaut la chandelle. Les premiers avis sur les planches terminées sont positifs à l’unanimité !

 

Juillet et Août 2022 

J'avais publié la version électronique de l'album en juillet mais il manquait quelque chose. J'avais aussi très envie de raconter notre parcours pour fonder notre famille parce que l'adoption plénière a également été une étape supplémentaire complexe et au long cours avec le confinement et le ralentissement des tribunaux. 

Pendant l'été, j'ai aussi fait des recherches approfondies sur la loi de bioéthique du 2 août 2021 et j'ai lu avec attention les communiqués de presse de l'APGL et des Enfants d'Arc En Ciel.

Après la joie ressentie lors de sa promulgation, j'ai ressenti des émotions négatives comme la colère, l'amertume et la tristesse. 

Même si la loi a été votée, elle n'était pas forcément respectée sur le terrain. J'ai donc voulu ajouter cette deuxième partie pour dresser son bilan après 1 an d'existence et pour expliquer cette loi qui ne se résume pas à la PMA pour toutes. 

Cette deuxième partie a été relue par madame Céline Cester, la présidente des Enfants d'Arc En Ciel et par des relecteurs sensibles du collectif Familles. 

 

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