Chère lectrice, cher lecteur,
Je suis Sylvie Li, une femme française d’origine chinoise avec un nom laotien.
Je suis heureuse d’écrire ce premier article pour vous présenter les origines du projet 38 Lingua.
Mon père est né au Vietnam, ma mère au Laos et les deux ont grandi respectivement à Savannakhet dans la province de Mukdahan et à Ventiane, la capitale du Laos. Ce sont des Teochew, une ethnie chinoise de la région de Guangdong. Ils ont grandi dans un environnement trilingue avec le teochew parlé à la maison, le chinois mandarin appris à l’école et le laotien, la langue du pays.
Ils n’ont pas eu la chance de faire beaucoup d’études. Juste après la 3e, ils ont dû commencer à travailler. Après l’invasion des communistes au Laos, ils ont immigré en France pour recommencer à zéro et envisager un avenir meilleur.
J’ai un grand frère et une petite soeur. Nous avons également grandi dans un environnement multilingue pendant notre enfance avec le teochew (ma langue maternelle), le chinois mandarin et le laotien. J’entendais cette dernière langue mais je ne la pratiquais pas. Le français est la quatrième langue qui s’est introduite dans nos vies à notre entrée en maternelle.
Pour eux, la transmission de leurs langues asiatiques constituait un enjeu prioritaire dans leur éducation. D’ailleurs, ma grand-mère paternelle ne parlait que le teochew donc ils voulaient que nous puissions communiquer avec elle.
J’ai appris le chinois mandarin à partir du CM2 dans une école privée située dans le 19e arrondissement de Paris, à raison d’1h30 par semaine tous les mercredis après-midi. Les professeurs originaires de Taiwan nous enseignaient le chinois traditionnel.
J’ai continué à l’apprendre parce que c’est une belle langue, mélodieuse et fascinante et parce que je savais que connaître cette langue constituait un atout supplémentaire dans le monde professionnel et tout simplement pour voyager. J’ai donc passé l’épreuve de chinois au baccalauréat et j’ai continué de l’apprendre dans mon école de commerce à l’INT Management (Telecom Business School).
En 2008, j’ai passé l’été à la National Taiwan University pour apprendre le chinois intensivement, à raison de 20 heures par semaine et des devoirs quotidiens.
Ensuite, de retour en France, je prends l’habitude de parler à mes parents en mandarin pour ne pas le perdre. Néanmoins, mon niveau régresse par manque de pratique quotidienne.
J’ai ensuite réalisé un VIE à Hong Kong de 2012 à 2013. J’avais la chance de pouvoir parler le chinois mandarin avec mes collègues et avec les Hong Kongais qui me prenaient naturellement pour une autochtone.
En 2019, à la naissance de mon fils, soit plus de 10 ans après mon immersion totale à Taiwan, je décide de lui faire une promesse : lui parler tous les jours en mandarin (alors que ce n’est pas ma langue maternelle) pour qu’il puisse avoir la chance d’être bilingue dans l’une des langues les plus difficiles à apprendre.
C’était mon grand défi de vie : parler une langue de coeur que j’apprends quotidiennement pour que mon enfant l’acquiert naturellement.
Ce n’est pas facile tous les jours. J’ai repris des cours avec une professeure de chinois, je regardais des séries télévisées chinoises, je révisais le vocabulaire tous les jours et je continuais de parler à mon fils en mandarin.
Quand j’ai voulu éveiller mon fils dans cette langue de coeur, j’étais très déçue par l’offre de livres français-chinois. J’ai donc décidé de concevoir et de publier mes propres livres éducatifs bilingues.
Après tout, je me suis dit qu’en réalisant un livre qui plaît à mon fils, il pourrait être utile aux autres parents souhaitant éveiller leurs enfants aux langues vivantes.
Voilà, vous connaissez maintenant la genèse de 38 Lingua.
Bonne lecture !